Entre gènes, génomes et génocide

Entre gènes, génome et génocide

Entre gènes, génome et génocide

par Alexander Winogradsky Frenkel, Archiprêtre orthodoxe

Tout est sous contrôle : Jérusalem découvre ses souterrains secrets d’il y a deux mille ans et quelques vieux ossements.

Nous traversons le deuxième, peut-être troisième siècle où les gènes, le génome, l’A.D.N. transfigurent parfois les images ou les notions que nous avons de l’histoire. En fait, c’est « paléo » en humus indo-européen. Une petite racine pan-européenne repérée comme « gen-/genê/genô- » et nous voilà plongés dans l’empreinte de notre « naissance ». L’islandais « kind » est féminin et désigne « l’être, le genre, la descendance ». L’anglais en a tiré « kind » = « sorte, nature, propriété, origine et aussi la descendance d’une certaine façon ».

Qu’est-ce à dire ?

Avant de considérer un pouvoir, la linguistique indo-européenne définit les mots et racines en fonction d’une nature dynamique, portée à la procréation et donc à la durée dans le temps. L’islandais « Kynstr = miracle, moyen surnaturel » d’où vient « Konr = homme privilégié, descendance » d’où l’on a créé le mot « konungr = roi = « le petit jeune de l’homme privilégié ». Le pouvoir n’est pas la première référence essentielle. En revanche, il est difficile de démontrer une cohésion sociale qui rassemble des êtres vivants en vue de susciter un développement historique.

Ainsi, le latin « genius » exprime-t-il d’abord l’esprit de protection de l’homme en tant qu’être humain. Les racines indo-européennes sont mêlées : Gr.  « genios » et « homo-genios = de même nature, origine, genre » s’accordent avec le latin « pro-genies = descendance” à partir d’une naissance déterminée en terme génétique et constant par la » naissance = Vieil Irlandais « gein » et le sanscrit « janu-h ».

C’est aujourd’hui, 27 janvier 2011/22 shvat 5771 le 66e anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée soviétique, date choisie par les Nations Unies comme jour mémorial international des victimes de l’Holocauste nazi envers les Juifs. Cette date est rappelée solennellement par l’État d’Israël qui compte particulièrement sur la reconnaissance de cette planification de meurtre et d’extermination, « Endlösung =solution finale ». Elle planifiait l’éradication du peuple juif de la terre et de la mémoire humaine. Il s’agissait bien d’une suppression jusqu’à la moindre trace (Zyklon B et fours crématoires) de toute valeur génétique, donc humaine, de l’essence-existence de l’être juif.

Rafaël Lemkin(1900-1959), juif polonais et expert juriste internationalement reconnu, fut fasciné dès son plus jeune âge par la haine qui pouvait conduire les hommes à anéantir des peuples différents de ce qu’ils pensent être eux-mêmes. Né dans une zone tantôt polonaise, biélorusse, ukrainienne, ayant fui Byalastok et L’viv pour enseigner aux États-Unis, il fut sidéré par les « systèmes d’extermination ». Ces machines cérébralo-humaines se sont acharnées sur les Arméniens et les Assyriens en 1915. Il vit aussi le ‘Holodomor/Génocide par famine’ en Ukraine (1930-32). Il décrivit ceci dans ses études et fit aussi des propositions juridiques.

Au fond, les pays d’Occident ont bénéficié de codes juridiques définis et puissants, qui ont structuré des peuples d’Europe d’origines diverses. Ils les utilisèrent parfois en dépit du Droit. Lemkin fit le constat qu’en Europe orientale, l’identité « nationale » a souvent pris le pas sur toute autre forme de système juridique fédérateur qui pourrait être appliqué au-delà des particularismes. Il nota plus particulièrement l’extrême atypisme des Juifs dans ce contexte, d’où leur situation de constante fragilité.

En 1941, puis 1943, répondant à Winston Churchill s’interrogeant sur l’extermination comme « crime sans nom », R. Lemkin définit le terme de « génocide » qui est effroyablement en vogue de nos jours. Un mot mûrement réfléchi, car il était un vrai linguiste, connaissant les racines et le sens des mots. Dans quelques jours (3 février) paraîtra le livre écrit par Olivier Beauvallet : « Lemkin, Face au Génocide »(Michalon Editions). L’expert juriste international analyse avec finesse la vie de cet homme qui définit notre siècle par un mot de mort et mourut abandonné à New-York, alors qu’il fut nominé pour le Prix Nobel de la Paix.

Le 27 janvier fait toujours partie de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens à Jérusalem. À nouveau le jour tombe où les Chrétiens seront réunis pour prier au Cénacle, au mont Sion, au-dessus d’une synagogue dans un espace qui fut un temps une mosquée.

La vocation humaine consiste à considérer notre identité génétique comme le don de la vie, et non pas une race à opposer à d’autres. Il s’agit de tisser des liens avec tout individu, Il a fallu des années de combat pour que le terme « génocide » soit accepté au sens proposé par Lemkin.

La Résurrection n’efface pas les gènes, elle montre une sorte de transfiguration qui ne mène pas à la mort, mais à la vie. Il n’y a pas la poussière, mais une vie que le droit international doit affirmer avec force.

Av Aleksandr (Winogradsky Frenkel)

27/14 janvier 2011 — 22 shvat 5771 — 23 safar 1432

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